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TEXTES ET SOUVENIRS

Ici vos textes, poèmes, odes à votre lycée préféré sont les bienvenus....

JE ME SOUVIENS...

 

Aujourd’hui j’ai ouvert ma boîte à souvenirs et je suis tombée sur des photos de classe...


     Je me souviens des arbres, majestueux, qui surplombaient la cour, perdant leur vert feuillage à
l’automne pour une robe rouge-orangée qui se reflétait dans les carreaux des fenêtres des salles de classe.
Le grand quartier et de sa cour nous paraissaient interminables lorsque l’on était en retard, quand il fallait
la traverser sous la pluie dijonnaise. Ce décor, de cette cour et ses coursives qui n’ont rien à envier aux
grands lycées parisiens. Ce lycée qui m’a toujours paru sortir d’un décor de film.
Quant à ces escaliers en pierre, glissants les jours d’hiver, de pluie et de verglas, ces marches,
mon esprit les assimilait à celles du château de Cendrillon. Je n’ai jamais compris les camarades qui
trouvaient ce lieu triste et austère. Il y avait ces hauts murs d’enceinte du lycée, cette lourde porte verte
que l’on passait matin, midi et soir.

 

      Je me souviens de la démarche calme du prof de philo qui arrivait juste avant nous un peu avant
le début du cours, oubliant systématiquement la clé de la salle à la conciergerie. L’ancienne sonnerie
retentissait à 13h55. Les portes des salles de classe fermaient mal. Je n’ai pas oublié le bruit du cartable
en cuir de notre enseignant quand il le lâchait avec une fausse nonchalance sur le bureau avant d’en sortir
un paquet de polycopiés.
En début d’année nous pouvions distinguer les regards perdus et hagards des camarades devant
les extraits de Nietzsche, Arendt, Hobbes ou Bentham qu’il nous distribuait et nos soupirs de déception et
de découragement que nous avions lorsqu’il nous rendait nos premières dissertations de philosophie.
L’enseignant griffonnait des appréciations bienveillantes au stylo Bic noir. Je me rappelle évidemment

des yeux écarquillés de certains à la première lecture de L'Oeil et l’esprit, phénoménologie de Merleau-
Ponty.

   

      Je me souviens des cours en fin de journée, de 16 heures à 18 heures, le lundi soir, en hiver, alors
que le jour commençait à décliner tôt. À 17 heures, notre professeur, devant nos yeux de merlan frit et
notre mine fatiguée nous accordait une pause bien méritée.
Nous nous précipitions vers la machine à café restauratrice de notre concentration pour la
dernière heure de cours.
Cette heure de philosophie passée, nous nous retrouvions sous l’abri-bus, les pieds dans la neige
à demie fondue à attendre 13 minutes l’autocar qui nous emmenait chez nous, les lumières pâles des
réverbères éclairant la devanture du lycée Carnot, imposante bâtisse veillant sur notre scolarité.
 

      Je me souviens des fiches de révision fluotées, multicolores, que nous bachotions dans l’autobus
sur le trajet du lycée avant une interro. Il y avait de bons moments comme les sourires lorsque nous
comprenions, quand la philo nous paraissait facile, évidente.
Il me semble que le soleil revenait aussi à ce moment-là, que le grand quartier reprenait des
couleurs, de petites fleurs roses égayaient le ciel de Carnot dès que nous levions les yeux de notre feuille.
Même s’il fallait travailler, nous étions heureux de retrouver nos amis et nos profs tous les matins. Notre
enseignant avait une qualité rare, il prenait le temps de faire cours, n’hésitant pas à prendre le temps de
nous ré-expliquer jusqu’à ce que nous ayons parfaitement compris. Nos enseignants croyaient en nous
pour le baccalauréat.

 

    Je me souviens que le jour du bac était arrivé. Mon voisin de devant était stressé mais concentré,
ma voisine de gauche avait rangé ses surligneurs au bord de la table, et moi j’avais aligné ma bouteille
d'Ice tea, mon paquet de bonbons, mes petits beurres Lu tandis qu’on nous distribuait les feuilles de
brouillon et les copies officielles. Les sujets tombaient à l’envers sur nos tables, surtout ne pas les
retourner avant qu’on nous l'autorise. Le « top départ » a été donné, l’heure de début et de fin marquées
au tableau.
Sujet 1: « Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ? », sujet 2: « Le désir est-il par
nature illimité ?
», sujet 3: explication de texte: Hannah ARENDT, « Vérité et politique » 1964.
"-Vous avez quatre heures."
Le sujet 3, tout était limpide, les idées, la thèse du texte et le plan du commentaire apparaissaient tout
seuls sous mon stylo, comme par magie. Nous étions impatients des résultats du bac après avoir passé

toutes les épreuves.
 

     Je me souviens que le jour des résultats, 5 juillet, nous sommes allés voir les résultats sur le
panneau d’affichage planté dans la cour d’honneur. Nous bondissions de joie, nous félicitant les uns les
autres pour notre réussite, mais étions tristes pour nos camarades au rattrapage. Toute la Terminale L
2015-2016 a finalement été reçue, nous étions désormais tous et toutes bacheliers et bachelières.
Je me souviens que la bonne ambiance familiale, amicale et bienveillante qui règne à Carnot
nous a permis de travailler, de nous aider à décrocher ce diplôme, à choisir nos études supérieures. Nous
avons rencontré des gens merveilleux à Carnot, qu’il s’agisse de nos enseignants ou de nos amis.
Je me souviens de Carnot.

 

                                                                                                                                                  Kristina Mogue-Deniel

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